L’évangile de ce dimanche est comme une gifle pour celui qui le lit en continu. Nous étions comme époustouflés par le récit de la transfiguration, de la libération d’un enfant muet qui retrouve la parole. Puis peu à peu ça se gâte pour le lecteur. Une querelle pour savoir qui est le plus grand. L’annonce insupportable du maître qui informe pour la deuxième fois qu’il va mourir dans la souffrance. Aujourd’hui c’est le comble ! Les disciples sont scandalisés car quelqu’un qui ne fait pas partie du cercle chasse des démons au nom de Jésus. Ils étaient trop heureux de posséder ce pouvoir pour eux même. Ils avaient peut être oublié le récit du livre des Nombres que nous avons entendu dans la première lecture. Ils n’avaient sans doute pas encore entendu Jésus leur dire que « le vent souffle où il veut » (Jn 3, 8). Pour celui qui habite au bord de la mer, il n’y a nul besoin de lui en faire la démonstration. L’action de Dieu nous échappe bien souvent. Elle prend parfois des chemins bien mystérieux. Comme cette femme qui chercha Dieu à travers le Bouddhisme et qui au lieu de faire le vide en elle a ressenti une présence et frappa à la porte d’un presbytère et commença un chemin de foi qu’elle continue encore aujourd’hui. Jésus ne veut pas ici abolir le discernement nécessaire. Il veut seulement nous mettre en garde contre la tentation de vouloir se croire les propriétaires de l’action de l’Esprit Saint.
Jésus met aussi en garde contre le scandale. On pourrait se dire au premier abord que c’est l’hôpital qui se moque de la charité. Car Jésus n’arrête pas de faire scandale. C’est d’ailleurs ce qui le perdra et le conduira à la Croix. Ce scandale dont parle Jésus n’est pas le signe de contradiction que nous avons à être en ce monde. Ce scandale vise ceux qui par leur attitude ne respectent pas les « petits » dans leur foi. Nous sommes parfois bien narquois vis-à-vis de ceux qui mettent un cierge, qui ont besoin d’une médaille, d’eau bénite. Prenons garde à ne pas les scandaliser ou à les faire chanceler par une attitude de « pur » croyant. La foi chrétienne pure n’existe et n’existera jamais. Les croyants sont des hommes et des femmes avec leurs fragilités et leurs limites. Personnellement je suis souvent ému d’accueillir un frère ou une sœur qui me demande un peu d’eau bénite, de bénir une médaille, une maison… Après tout Jésus n’a jamais hésité à bénir ceux qu’il rencontrait. Il nous a donné le signe de sa présence à travers deux « choses » bien matérielles : le pain et le vin. Alors, vous les plus avancés dans la foi ne soyez pas pour vos petits frères une pierre sur laquelle ils risquent de tomber. C’est bien souvent par les petits, les pauvres que nous grandissons dans l’amour de Dieu et de nos frères.