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  • Christophe FEREY
  • Bonjour, je m'appelle Christophe, j'ai 34 ans et je suis  prêtre pour le diocèse de Coutances et Avranches depuis le 10 juin 2007. J'ai été ordoné par Mgr Stanislas LALANNE
  • Bonjour, je m'appelle Christophe, j'ai 34 ans et je suis prêtre pour le diocèse de Coutances et Avranches depuis le 10 juin 2007. J'ai été ordoné par Mgr Stanislas LALANNE

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15 septembre 2009 2 15 /09 /septembre /2009 10:16


Pendant deux jours la liturgie nous propose une fête et une mémoire qui nous place devant une réalité bien lourde pour notre condition humaine : la souffrance. Que d’ambiguïtés peuvent entretenir de tels rendez vous liturgiques. D’autant plus si le prédicateur entache ses homélies de dolorisme. Je ne suis sans doute pas le mieux placé pour parler de ce mystère. Pourtant se taire serait une démission. Je dois vous avouer que je ne supporte plus cette phrase dans la bouche d’un prêtre : « il nous faut offrir nos souffrances ». Elle résonne comme un coup de poignard asséné à celui qui résiste et combat sa douleur. Regrettable, car le reste de l’homélie était très belle.

 

Je pensais que le christianisme et en particulier le catholicisme était sorti de sa période doloriste. Je constate que nous avons encore des relents malodorants. Des texte bibliques souvent mal compris, une tentation de donner du sens à ce qui n’en a pas. Le prédicateur s’est appuyer sur « Je trouve ma joie dans les souffrances que je supporte pour vous, car ce qu’il reste à souffrir des épreuves du Christ, je l’accomplis dans ma propre chair, pour son corps qui est l’Eglise » (Col 1, 24). La souffrance dont il est question ici n’est pas une souffrance résultant d’une maladie, d’une blessure psychique ou d’un handicape. Il s’agit de la souffrance inhérente à la condition de disciple du Christ. Paul écrit ici de sa prison. Il y est enfermé à cause de sa prédication de son appartenance à l’Eglise. Les souffrances dont parle Paul proviennent de sa condition de témoin du Christ qui aime jusqu’au bout. Le sens de la souffrance chrétienne nous est donné dans la prière eucharistique n°3 « Que l’Esprit Saint fasse de nous une éternelle offrande à ta gloire… ». La deuxième invocation à l’Esprit Saint nous informe que le chrétien est invité par la force qui l’habite à devenir une offrande, un don pour ces frères. A aimer authentiquement toute personnes rencontrer. Aimer nous fait rencontrer la souffrance. Qui pourrai dire sincèrement le contraire ? Que nous soyons mariés, célibataire, prêtre, enfant, jeune, âgé nous avons à porter ce poids de la souffrance du rejet, du renoncement par amour. Le fondateur du foyer de charité de Tressein dit un jour « Je ne connais pas de plus grandes souffrances que celles vécues au sein d’un couple. Car se sont des blessure qui rejoignent le plus intime de la personne ». Jésus nous invite à ne pas fuir la souffrance de l’amour mais au contraire à la vivre avec lui à ses cotés. C’est pour cela que nous avons besoin de passer d’une instabilité affective à une stabilité aimante avec les autres.

 

Le Christ sur la croix n’a pas offert sa souffrance physique. Alors qu’a-t-il offert ? De nouveau, laissons la liturgie nous éclairer sur ce mystère. « Au moment d’être livré et d’entrer librement dans sa passion » (P.E n°2). « Nous qui étions perdus, incapables de nous rapprocher de toi, tu nous a aimés du plus grand amour : ton Fils, le seul Juste s’est livré entre nos mains, et fut clouer sur une croix » (Prière eucharistique pour la réconciliation n°1). Le Christ n’a pas offert ses souffrances, il s’est offert lui-même à son Père et pour les hommes. Or souffrir avec le Christ c’est s’offrir avec lui par amour. C’est aimer l’autre même si je n’ai pas de sympathie pour lui. Souffrir avec le Christ c’est aimer sans calcul et vivre toutes les conséquence d’un tel amour. Un amour exigent mais qui fait grandir.

 

Dès lors la souffrance humaine liée à la maladie, à l’exclusion, à l’handicap n’est pas à offrir mais à combattre. Le chrétien n’est pas résigné face à la souffrance. Souffrant de la soif sur la croix, Jésus n’offre pas cette soif, il cri « j’ai soif ». Il veut être soulagé de cette souffrance. La souffrance loin d’être une chance est mortifère pour celui qui la subie. Le Christ n’a pas fait de discours sur la souffrance. Il a soulagé des malades, libéré des personnes tourmentées. Nous-mêmes, si nous en avons le charisme nous avons à être aux côtés de ceux qui souffrent pour leur redire qu’ils ne sont pas abandonné dans leur combat. Et surtout évitons tout langage ambiguë, insupportable pour le souffrant. Soyons du coté de ceux qui soulagent plutôt  que du coté de ceux qui maintiennent nos frères dans une souffrance implacable qui les déshumanisent. Dieu n’a qu’un désir, c’est que nous soyons en bonne santé car il faut être en forme pour aimer. Si nous sommes affrontés à la maladie, à une épreuve, osons crier vers Dieu notre souffrance. Acceptons l’aide de personnes compétentes et compatissantes. Et si nous le pouvons, prions aussi pour ceux qui traversent une épreuve similaire à la notre.  C’est une manière pour nous dans notre combat de le vivre avec nos frères qui n’ont pas la chance de connaître celui qui nous a tant aimés qu’il n’ous a donné son Fils unique.

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commentaires

C
Merci Christophe !!!
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