Deux semaines après avoir célébré Noël, nous demeurons à Bethléem. Bethléem, en Hébreux la « Maison du Pain », devient le centre du monde pour ceux qui cherchaient depuis si longtemps l’astre qui les conduirait jusqu’au roi. Ce roi n’a d’autre trône qu’une mangeoire. Et pourtant les mages vont lui offrir ce qu’ils ont de plus précieux. Ils vont reconnaître en cet enfant, Celui que Dieu nous envoie pour nous manifester son Amour et nous sauver. Combien de jours et d’heures, les mages ont-ils passé à scruter le signe dans le ciel ? Matthieu ne le précise pas. Et pourtant, les mages sont des veilleurs. Ils ont sans doute observé sans relâche le ciel jusqu’au jour où ils ont enfin vu. Ils ont alors pris la route. Ils ont été guidés vers des routes qu’ils ne connaissaient pas. Ils sont allés vers l’inconnu.
Et nous ? Comment regardons-nous la présence de Dieu dans nos vies ? Laissons-nous le Seigneur devenir cet astre qui nous guidera sur notre pèlerinage sur la terre ? La présence de Dieu ne se manifeste jamais dans la domination, la violence, la richesse… A Bethléem, il s’est manifesté sous les traits d’un enfant. L’enfant, c’est un être qui a besoin de faire confiance, d’être aimé pour grandir. Dieu s’est à jamais manifesté dans cet enfant qui nous redit que la force appartient à ceux qui mettent leur confiance en Lui qui nous a tant aimés qu’il a donné sa vie pour chacun de nous. Sainte Thérèse de Lisieux nous dit dans sa lettre 197 : « C’est la confiance et rien que la confiance qui doit nous conduire à l’Amour ». La confiance est l’étoile qui nous permet de suivre Jésus sur le chemin qu’il nous propose : le don de soi pour les autres. Cette confiance doit nous permettre d’aller vers des lieux inconnus sans avoir peur. Ces lieux inconnus, ce sont les lieux de l’Amour, car l’Amour nous pousse sans cesse à aller vers nos frères.
Dans certaines vies, il y a tant de nuages que l’étoile est invisible. Ces nuages sont nombreux, ils s’appellent : souffrance, violence, chômage, abondance, exclusion, solitude, mépris des autres... Comment en effet reconnaître l’étoile, lorsque la vie est une lutte quotidienne ou lorsque l’on est dans l’abondance ? Alors pourquoi ne pas devenir à notre tour une étoile pour guider nos frères qui n’arrivent pas à la voir ? Devenir une étoile, c’est devenir une lumière parfois fragile, mais qui dégage un peu de chaleur. Devenir une étoile pour les autres, c’est poser un regard qui redonne confiance à celui qui le reçoit, qui dit à l’autre « ta vie est importante à mes yeux ». Peut être alors que les nuages seront un peu moins épais pour celui qui sentira à ses côtés un frère qui l’aime. Peut-être décidera-t-il de faire un pas pour sortir de l’impasse dans laquelle il croit être enfermé ? Et si par notre présence aimante nous permettions à celui qui ne voit pas la lumière d’entendre cette parole qu’Isaïe nous adresse aujourd’hui : « Regarde, l’obscurité recouvre la terre, les ténèbres couvrent les peuples, mais sur toi se lève le Seigneur, et sa gloire brille sur toi ».
Dieu n’a d’autre projet pour nous que de nous réunir pour nous combler de sa vie, de sa joie et du bonheur sans fin. C’est ce qu’a espéré le prophète Isaïe et ce qui soutient notre route quotidienne. Alors en cette fête de l’Epiphanie, laissons-nous habiter par ces paroles du prophète : « Lève les yeux, regarde autour de toi : tous ils se rassemblent, ils arrivent ; tes fils reviennent de loin, et tes filles sont portées sur les bras. Alors tu verras, tu seras radieuse, ton cœur frémira et se dilatera ».